Il n'est qu'un esprit lézardé pour avoir des ouvertures sur l'au-delà.
Le bon voyageur n'a pas d'itinéraire et n'a pas l'intention d'arriver.
Ce n'est pas le manque ni la privation qui donne du désir : on ne manque que par rapport à un agencement dont on est exclu, mais on ne désire qu'en fonction d'un agencement où l'on est inclus.
Ce «qui» en vous refoule est beaucoup plus angoissant que ce «que» vous refoulez.
Toutes les fois que la tyrannie s'efforce de soumettre la masse d'un peuple à la volonté d'une de ses portions, elle compte parmi ses moyens les préjugés et l'ignorance de ses victimes.
Mon secret était simple : je n'avais pas le sens de la mesure. Au fond, c'est la clé de toute vitalité.
Toutes les femmes qui se disent émancipées sont de mauvaises mères : de grandes nerveuses au corps dégénéré...
La plus haute ambition de l'art est de nous révéler la nature.
Si la prudence ne mûrit pas vos délibérations, l'âge ne mûrira pas non plus votre prudence.
Quand on est convaincu que quelqu'un se trompe, que cette personne refuse de discuter, d'apporter des preuves en alléguant que tout à chacun à le droit de penser comme il veut - on ne peut pas être tolérant. Liberté de pensée ne signifie pas liberté d'errer et de divaguer.
Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ne peut être dirigé par un seul homme, aussi grand soit-il.
Nul être humain n'est trop mauvais pour être sauvé.
Il ne faut jamais tomber dans la croyance que vous pouvez trouver quelqu'un pour venir vous chercher.
La vertu de la science qui l'empêche de sombrer dans le délire, c'est que sans arrêt des données nouvelles arrivent et l'aménent à modifier ses visions et ses idées.
Pour que l'esprit acquière de la facilité, il faut l'exercer à trouver des choses déjà découvertes.
Pourquoi des êtres exposés à des grossesses, et à des indispositions passagères, ne pourraient-ils exercer des droits dont on n'a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers, et qui s'enrhument aisément ?
Je ne fais pas de l'argent l'horizon indépassable de toute éthique et de toute politique.
La jeunesse est un temps pendant lequel les conventions sont, et doivent être, mal comprises : ou aveuglement combattues, ou aveuglement obéies.
S'il n'est pas réconfortant, il est en tout cas flatteur de penser qu'on mourra sans avoir donné toute sa mesure.
Il est bon quelquefois que les lois ne paraissent pas aller si directement au but qu'elles se proposent.
Nos défauts et nos infirmités ne sont pas ridicules en eux-mêmes, mais ridicule est l'effort que nous déployons pour les dissimuler.
L'envie est de toutes les passions humaines la plus constante.
Tout apprendre, non point pour l'afficher, mais pour s'en servir.
Y a-t-il une seule nation qui puisse se vanter d'être arrivée au meilleur gouvernement possible, qui serait de rendre tous les hommes, non pas également heureux, mais moins inégalement malheureux ?
La recherche de la vérité est l'aventure propre de l'involontaire.
Tout sérieux effort de réorganisation s'arrête bientôt devant les craintes de rétrogradation qu'il doit naturellement inspirer.
On peut assurément soutenir que le fait de donner raison au réel constitue le problème spécifique de la philosophie: en ce sens que c'est son affaire, mais aussi qu'elle n'est, en tant que telle, jamais tout à fait capable d'y faire face.
Faire à tout prix quelque chose qu'on doit faire est un voeu.
Car, en vérité, il n'y a pas de moyen sûr de tenir autrement qu'en détruisant.
Je suis devenu un conservateur révolutionnaire. Il faut tout révolutionner, mais en conservant les trésors de notre culture.
Chacun conçoit qu'inscrit dans le temps, il subit ses effets et vieillit.
La confession la plus vraie est celle que nous faisons indirectement, en parlant des autres.
Un état chancelle quand on en ménage les mécontents. Il touche à sa ruine quand on les élève aux premières dignités.
Une condition capitale pour toute jouissance, c'est de se limiter.
L'homme de génie est celui qui m'en donne.
Deux éléments, le temps et la tendance au progrès, expliquent l'univers.
On n'acquiert tout pouvoir sur les autres qu'en renonçant à tout pouvoir sur soi-même.
Les choses dont on parle le plus parmi les hommes sont assez ordinairement celles qu'on connaît le moins.
Voici deux vérités que les hommes en général n'admettent jamais : l'une qu'ils ne savent rien, l'autre qu'ils ne sont rien.
Les conquêtes sont faciles à faire parce qu'on les fait avec toutes ses forces : elles sont difficiles à conserver parce qu'on ne les défend qu'avec une partie de ses forces.
Ce qu'il y a de tragique dans bien des philosophies, c'est qu'on n'admet pas de finir.
La forme seule conserve les oeuvres de l'esprit.
Tenir le langage est, pour le gouvernement, nécessité.
Toutriste : Voyageur parti à l'aventure, et auquel il n'est absolument rien arrivé.
En un mot, sitôt la victoire acquise, le prolétariat ne doit plus se tourner contre le parti réactionnaire vaincu, mais contre ses anciens alliés, contre le parti qui veut exploiter seul la victoire commune.
La culpabilité, ça marche très fort dans nos sociétés.
La vertu est une beauté intérieure, comme la beauté est une vertu extérieure.
L'utopie ne consiste pas, aujourd'hui à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l'actuel mode de vie ; l'utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux-être, et qu'elle est matériellement possible.
L'impérialisme est une négation de Dieu. Elle fait des actes impies au nom de Dieu.
Notre consommation carnée est indéfendable d'un point de vue éthique pour les animaux, d'un point de vue scientifique pour les émissions de gaz à effet de serre et d'un point de vue médical pour les effets sanitaires.