Nous mourons parce que nous vivons.
Une voix puissamment éloquente quand elle se tait, c'est le Mépris.
Il avait oublié à quel point on se sent vivant, exactement à ce moment-là : quand on sait que c'est en route, et que chaque geste vient confirmer cette impression. Il avait senti ses veines se gonfler d'une euphorie étrange, et caractéristique : la délicieuse ivresse d'avant le premier baiser.
Même pas moyen d'être saoul. Pourquoi boire donne-t-il soif ? Comment sortir de ce cercle ?
Ce que nous demandons au cinéma, c'est l'impossible, c'est l'inattendu, le rêve, la surprise, le lyrisme qui effacent les bassesses dans les âmes et les précipitent enthousiastes aux barricades et dans les aventures.
Il est heureux qui a des enfantsIl n'est pas malheureux qui n'en a point,Ajoutez un verset, pour comble de sagesse :Il est désespéré qui n'en a plus.
Ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte.
Il est dans la nature humaine, de raconter beaucoup et de réfléchir peu.
Le poète est cet être très vieux et très neuf, très complexe et très simple qui aux confins vécus du rêve et du réel, du jour et de la nuit, entre absence et présence, cherche et reçoit dans le déclenchement soudain des cataclysmes intérieurs le mot de passe de la connivence et de la puissance.
Ou pas à pas, le long des buissonetz, Allois cherchant les nids des chardonnetz.
Le Graal est chose si sainteEt lui si pur espritQu'il ne lui faut pas autre choseQue l'hostie qui vient dans le Graal.Il est resté ainsi douze ans,Sans sortir de sa chambreOù tu as vu entrer le Graal.
Ce que j'ai ressenti au cours des années s'est mué en livres et c'est comme si ces livres s'étaient écrits d'eux-mêmes.
C'est important les odeurs pour la mémoire. C'est l'habit du visible.
Ainsi pris fin l'épisode le plus glorieux de la Campagne de Russie. Glorieux mon cul. C'est de l'assassinat, oui. Le Génie en particuliers et les pontonniers se couvrivrent de gloire. De merde oui.
L'amitié, c'est comme la fraternité : Quelque chose de commun dont on se passe aisément.
Le renard accuse le piège, pas lui-même.
On croit que c'est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l'honnêteté, être bon, être juste. Non.
Ajoutons que, pour s'affranchir d'une erreur, il est bon de l'avoir professée.
Les âmes droites sont réservées à de rectilignes tourments.
De fait, rien n'unit au sens supérieur les Américains, parce que rien ne leur est commun-si ce n'est, peut-être, un certain mépris vis-à-vis des nations européennes historiques dont ils ont choisi de faire sécession.
Et peu à peu j'éprouve à me dévisagerComme une inexprimable et poignante souffrance,Tant je me sens lointain, tant ma propre apparenceMe semble en cet instant celle d'un étranger.
Si tout le monde se ressemble sur terre, à quoi bon voyager !
Les anachronismes, au théâtre, ça fait toujours très avant-garde.
Là où n'importe quelle réponse est possible, toutes les réponses n'ont aucun sens.
Plus triste que de perdre ses biens, c'est de perdre son espérance.
Penser ? Pourquoi penser ! Nous avons des ordinateurs pour le faire pour nous.
Sur terre, dit le lama, l'homme est un personnage absurde, enclin à croire ce qui n'est pas, de préférence à ce qui est réellement. L'homme est porté à la superstition et aux croyances fausses.
L'énergie est basée sur l'amour.
Aimer une autre personne, c'est la voir telle que Dieu l'a voulue.
La renommée est une perle pour laquelle beaucoup plongent et que seuls quelques-uns évoquent. Même quand ils le font, ce n'est pas parfait, et ils soupirent pour plus, et perdent de meilleures choses en luttant pour eux.
Rien ne s'est vraiment passé tant qu'il n'a pas été enregistré.
Les choses idiotes cessent d'être idiotes si elles sont faites par des gens sensés d'une manière impudente.
Les événements paraissent tristes, agréables ou pénibles, non parce qu'ils le sont en réalité, mais parce que nous croyons qu'ils le sont et que la lumière sous laquelle nous les regardons dépend de notre propre jugement.
Il ne faut pas espérer être plus qu'on ne peut être.
L'égoïsme est la langue de la vanité.
Si l'on m'affirmait preuve en main, que Dieu n'existe pas, j'en prendrais parti. Si Victor Hugo n'existait plus, le monde où se meut la beauté qui m'enivre deviendrait tout noir.
Je ne pense pas qu'on puisse retrouver dans aucun des textes que j'ai écrits, y compris les chansons d'amour, des choses qui me soient arrivées. Mais c'est quand même le monde où je suis, où je vis, où je pleure.
Il y a une grande différence entre dire : "Ceci est raisonnable" et dire "Ceci est sage". Ce qui est raisonnable n'est pas nécessairement sage et ce qui est très sage n'est presque jamais raisonnable aux yeux de la raison trop froide.
Les maximes morales sont étonnamment utiles dans les occasions où nous pouvons inventer peu d'autre pour justifier nos actions.
Je ne comprends pas pourquoi l'homme se sert de moyens artificiels pour arriver à la béatitude poétique, puisque l'enthousiasme et la volonté suffisent pour l'élever à une existence supra-naturelle.
D'être né en 1945, après que des villes furent détruites et que des populations entières eurent disparu, m'a sans doute rendu plus sensible aux thèmes de la mémoire et de l'oubli.
Ma corbeille à papiers me ressemble autant que mes livres.
Certains ont des malheurs ; d'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre ?
Penser est une affaire intime.
Il y a, dans tout ce qui est mathématique, quelque chose d'impérissable parce qu'il n'y a rien de vivant.
La femme, c'est le corps de l'homme.
Qui peut n'être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse en mourant un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ?
Manger. Accomplir successivement (et avec succès) les fonctions de mastication, humectation et déglutition.
Il est plus facile de ne rien dépenser que de dépenser peu.
C'est paradoxalement quand ils entrent dans la réserve que les généraux commencent à commettre des indiscrétions.